Apple : une tablette pour réinventer l'industrie papier

Florian Innocente |

Apple serait en discussion avec des journaux et des éditeurs de manuels scolaires pour amener sur iTunes et sa future tablette un contenu disponible aujourd'hui sur papier ou à travers les sites web. Avec comme éventuelle conséquence si cela fonctionne de bouleverser certains marchés.

Brian Lam de Gizmodo explique qu'Apple avait mis de côté il y a quelques années un développement de tablette multi-touch, ne sachant pas trop quoi en faire (ce qui corrobore une précédente rumeur, voir l'article Wired raconte la création de l'iPhone).

Aujourd'hui ce même appareil serait un fer de lance dans la conquête du marché de l'édition papier. Lam affirme avoir reçu deux témoignages séparés en juin dernier de personnes liées au New York Times qui lui ont dit que le quotidien s'était vu proposer par Apple de mettre son contenu sur "un nouvel appareil".

En juillet, un proche de hauts responsables des maisons d'édition McGraw Hill et Oberlin Press révélait au même journaliste qu'une collaboration était en cours avec Apple pour mettre à disposition des manuels scolaires sur iTunes. Un nouveau canal de distribution pour ces ouvrages qui avait éveillé l'attention de gens d'Apple en 2008 à l'occasion d'un concours interne entre des stagiaires.

L'idée serait de redéfinir le marché de ces manuels qui une fois qu'ils ont été vendus se revendent d'occasion directement entre les étudiants ou via les boutiques des campus, sans que l'éditeur ne perçoive plus aucune dîme. Ces livres se verraient alors vendus sur iTunes et protégés par un DRM. L'éditeur y trouverait son compte et l'étudiant aussi : prix plus bas (et accessoirement des économies pour se payer une tablette Apple…) sans oublier le soulagement pour le sac à dos…

Apple aurait également rencontré plusieurs responsables de grands magazines pour connaître leur vision sur l'avenir de la publication. Des réunions qui auraient fait l'objet de présentations de maquettes de magazines et journaux passés au régime du numérique et de l'interactif.

Certains de ces éditeurs envisageraient par exemple d'utiliser AIR d'Adobe, toutefois iTunes a comme énorme avantage d'être déjà une puissante et mature plateforme de distribution et de vente de contenus.

Gizmodo précise ne pas avoir eu vent de contacts de la sorte auprès d'éditeur de romans et autres livres, mais ils auraient eu lieu que ça ne surprendrait personne.

Quant à la forme prise par ces livres et magazines numériques, elle ne serait dans un premier temps qu'une adaptation standard à un format numérique. Mais l'objectif serait d'amener leurs éditeurs à les enrichir de contenus multimédias.

Entre le Kindle qui est incapable de ces prouesses et le projet Courier de Microsoft qui semble encore lointain, Apple aurait une bonne fenêtre de tir devant elle.
Enfin Gizmodo a eu lui aussi vent d'une annonce de ce produit et de ces contenus pour janvier prochain.

Sur le sujet de cette possible initiative d'Apple autour du marché de l'éducation on lira aussi l'article (Le mystérieux projet « Vingle » va-t-il une nouvelle fois bouleverser l'industrie ?) sur iPod Backstage.

via Gizmodo

avatar k-nabeesse | 
Donc encore un truc pour toujours tout faire payer ?? Attention je ne dis pas que tout gratuit est viable, je dis : si j'ai acheté un manuel papier que je veux donner à un ami qui en a besoin (et moi plus) sous cette forme DRMisée, impossible ! tout le monde doit payer... Dans ce cas, tant que les versions papiers existeront, ils peuvent se brosser !
avatar fiatlux | 
Je pense que les bouquins seront disponibles dans les deux formats, numériques et papiers. Comme pour la musique. Donc il y en aura pour tous les goûts.
avatar calotype | 
l'idée d'amener l'industrie de l'édition au numérique n'est ni neuve ni idiote, reste toujours ce sacré problème en effet d'un modèle économique bâtard où l'achat rend le consommateur possesseur d'un bien qu'il ne peut pas revendre. au regard du modèle capitaliste dans lequel on vit c'est inédit ! j'achète 100 applications iPhone, si demain je balance mon iPhone parce que Palm sort un truc génial, j'ai investi dans du software sans pouvoir effectuer de retour sur investissement en revente par exemple. Aujourd'hui on ne se rend pas encore compte de ces limites du tout numérique, mais idem pour la musique : j'ai acheté un album sur iTunes (ou ailleurs) mais en fait il est naze je l'écoute jamais, je veux m'en débarrasser, malheureusement je ne peux pas le revendre... Bref, les contenus numériques ont l'avantage du faible coût, et l'énorme inconvénient à terme de n'avoir plus aucune valeur commerciale une fois acquis. L'achat me rend possesseur d'un bien dont la valeur peut être évaluée, je suis donc l'heureux jouisseur d'un certain capital et pourtant ce capital ne peut trouver de finalité, il ne peut être réinvesti. Économiquement c'est une aberration. Et pire, ces contenus sont non-altérables (par opposition à une bagnole qui se décote naturellement avec le temps et l'usage) donc ne devraient pas "perdre" de leur valeur, au lieu de ça ils n'en ont plus aucune une fois possédés par un consommateur. Il serait évidemment très bancal d'imaginer un AppStore de l'occaze, puisqu'il serait techniquement injustifié de revendre moins cher une app, une chanson, ou un e-bouquin, et si c'était le cas pourquoi acheter alors du contenu "neuf" sur le store original "officiel". Bref messieurs les économistes, à vos tablettes ! il va falloir de la discipline et beaucoup d'imagination (ou l'inverse...) pour réguler les marchés de l'e-commerce de demain !!!
avatar Marksanders | 
Tout à fait d'accord. C'est pour cela qu'il faut que les prix soient très très bas. Sur l'App Store, les applis sont à des prix très bas donc même si ça n'est pas revendable, ça reste bon marché (avant sur Palm ou Windows Mobile fallait payer 15 ou 30 euros pour une app). Sur iTunes, les singles ne sont pas chers, par contre les albums ou films sont au prix du CD/DVD, aucun intérêt pour moi. A ce prix là, je préfère du Spotify, au moins je sais que je paie pour de la location.
avatar Marksanders | 
Le principal souci reste l'autonomie. Un service type magazines presse en forfait illimité à 15 euros par mois là dessus serait fantastique. Mais la presse est encore plus frileuse que les majors du film, donc on aura probablement un choix restreint et des prix aussi élevé que le papier : aucun intérêt.
avatar misc2 | 
Oui enfin un livre avec une autonomie de batterie de 3h, merci bien. Les profs ont pas fini d'entendre les élèves gueuler : "J'ai plus de batterie!!!". Et de mémoire, on n'avait qu'une prise de courant par salle de classe, donc ça va se bousculer au portillon
avatar Krynn | 
C marrant, j'ai justement croisé un type aujourd'hui qui jouait avec son iphone. Quand je lui au demandé s'il en était contant, l'une de ses remarques enthousiaste à son propos a été "un livre audio à la Fnac coute 60€. Le même sur l'iphone en coute 4€50"...
avatar fif | 
@josselinrsa Allons un poil plus loin pour être plus complet. Ne pas oublier qu'un vinyle, un cd, un DVD, un journal, un livre, c'est à la fois un contenant et un contenu, cela se raye, se casse, se déchire, craint l'eau, le feu, le vol, etc, et pour l'avoir en de multiples exemplaires, et en disposer où l'on veut il faut l'acheter autant de fois (ou le déplacer régulièrement, tout le monde n'a pas un grand coffre...). Pour le contenu dématérialisé j'en gère, gratuitement, (presque) autant de copies que je veux et où je veux, qui ne craignent aucun sinistre. C'est un bel avantage, non ? Je conviens d'emblée que les supports de ces contenus, eux, craignent en effet ces sinistres... Je conviens également que certains supports (ie certaines oeuvres ?) peuvent prendre de la valeur avec le temps (certaines photos, bouquins, vinyles, etc) alors que leur version numérique... sans doute moins. Ca c'est un sujet sur lequel nos philosophes devraient se pencher.
avatar k-nabeesse | 
Dans le même ordre d'idée, une tablette ou tout matériel électronique craint l'eau, le feu, ca se vole encore plus, ca se casse aussi et le remplacement peut couter très cher, ca explose même (batterie Sony, par exemple).... sans oublier que ca peut aussi se pirater (par autrui, penser aux botnets, zombies, storm etc ..., de 2007 à 2008 le nbre de virus à doublé ! reportage sur planète F hier soir)
avatar mabmac | 
Mêmes les premières générations d'e-book (Sony Reader, Amazon Kindle...) sont des outils d'exception pour une raison : leur écran e-ink. Aucun périphérique de lecture à écran rétro-éclairé n'offre un confort de lecture équivalent. Un grand lecteur ne s'achètera pas un grand iphone pour assouvir ses besoins de lecture, il se jettera sur un e-book à 200 euros. Puisque les écrans e-ink les plus évolués disponibles sur le marché ne permettant pas d'afficher plus d'une poignée de couleurs, sauf technologie révolutionnaire à dévoiler, soit Apple s'apprête à produire une tablette vraiment destinée à la lecture qui afficherait donc, soyons généreux, 8 couleurs et douze nuances, autant dire, une outil très très limité pour un usage multimédia... Soit Apple sort une tablette avec écran rétro-éclairé mais ne cible alors pas les grands consommateurs de livre, ni l'industrie du livre. A la vue des derniers contacts pris avec l'industrie de la presse, la deuxième option semble la plus probable : miser au moins sur la presse , comme Apple semble le faire, en attendant la sortie d'écrans e-ink capables d'afficher quelques milliers de couleurs pourrait être une stratégie. Mais il m'est difficile d'imaginer que la pomme puisse s'en contenter. Produire une tablette à tout faire plutôt bien, mais ne pas entrer dans la course aux e-books ? J'ai du mal à y croire. Le livre est la "culture" par excellence et, lorsqu'on s'accorde à dire maintenant que l'e-book est la racine du nouveau livre, l'annonce du nouveau codex, je n'imagine pas Apple passer à côté de l'occasion d'en achever la forme. L'interface des e-books actuels est si déplorable ou si limitée. Apple pourrait apporter beaucoup et très vite. Assez pour dominer tout ce secteur.

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