iPad et Kindle feront-il tablette commune ?
« Amazon a fait du bon boulot avec le Kindle… Ils nous ont fait la courte échelle ! » en présentant ainsi – avec sa modestie habituelle – l’application iBooks de l’iPad, Steve Jobs annonçait clairement la couleur : la tablette marche sur les terres du produit d’Amazon, mais aussi du Sony Reader, du petit nouveau Nook du libraire américain Barnes & Nobles et de tous les autres eBooks annoncés au dernier salon CES il y a quelques semaines. Mais Apple n’oublie-t-elle pas un peu vite le « Cheval de Troie » préparé par Jeff Bezos ?
En effet, Amazon a créé il y a déjà plusieurs mois (lire à ce sujet notre test du Kindle) une App « Kindle » qui est même disponible sur le Store français depuis à peine un mois. On peut imaginer que les validateurs de l’App Store – d’habitude plus zèlés – n’avaient rien à reprocher à une application qui, après tout, ne fait qu’accepter les DRM d’Amazon et d’afficher le texte des romans achetés sur le site web idoine.
À l’époque, le compromis pouvait sembler idéal : l’écran de l’iPhone est suffisamment petit pour décourager les lecteurs compulsifs de s’en servir trop souvent à cette fin (permettant donc à Amazon de continuer à vendre des Kindle) et l’aspect « fermé » du Kindle ne faisait pas d’ombre à l’iPhone qui, selon Apple, était tout sauf destiné à lire des livres. D’ailleurs, Steve Jobs ne déclarait-il pas il y a à peine un an : « Les gens ne lisent plus » ?
Tout a changé le 27 janvier : non seulement Apple espère que « les gens » vont se mettre à lire (des iBooks) mais l’iPad est censé être « parfaitement compatible » avec les applications vendues sur l’AppStore. Mieux, les applications déjà achetées pour un iPhone ou iPod touch vont se synchroniser automatiquement avec votre nouvel iPad… Y compris « Kindle » disponible sur l'App Store ? Il est bien sûr trop tôt pour l’affirmer clairement.
D'ailleurs, Apple se couvre bien en disant que l’iPad fait tourner « presque toutes » (almost) les 140,000 applications de l’AppStore ; mais l’application Kindle étant encore moins complexe que celle de Facebook, on voit mal comment la limitation serait d’ordre purement technique, et ce d’autant moins que la méthode « double pixel » devrait permettre de lire les livres dans l’application en profitant parfaitement du grand écran de l’iPad.
Reste qu’en laissant les acheteurs de l’iPad continuer à télécharger des livres pour le Kindle – comme ils sont diffusés par Internet, il ne devrait pas non plus y avoir de souci de synchronisation – Apple pourrait déplaire fortement à Hachette, Macmillan, Simon & Schuster, Harper Collins et Penguin Group, poids lourds de l’édition américaine qui – d’après les rumeurs – trouvaient des avantages à travailler avec Apple.
Aujourd’hui en tout cas, les livres Kindle coûtent 9,99 USD (contre 14,99 pour les iBooks présentés hier) et sont 400,000, alors qu’aucun chiffre de numérisation n’a été communiqué hier soir. L’application Kindle a donc tout son sens sur l’iPad… Si Apple vous laisse l’y installer !